Les Anglais de Part Chimp ne laisseront pas indifférent. Les oreilles encore grésillantes, la poitrine sous le choc du cataclysme sonore qui viendra de se produire, repartiront trois types de spectateurs :
1.    les avertis, ceux qui s'avaient à quoi s'attendre. Ceux-là aiment le post rock, le math rock et le rock bruitiste, enfin, tous ces styles trop subtils, trop puissants et qui bouleversent trop le cœur pour passer en radio. Ils aiment aussi Lightning Bolt, Mogwai, Tool, Fugazi ou Godspeed You ! Black Emperor, et sont venus ce soir à l'Entrepôt pour écouter une prestation intègre, sans concession. Peut-être même savaient-ils déjà que Part Chimp sort actuellement son nouvel album, attendu comme le messie par les fans, mais encore non révélé à l'heure où ces lignes sont écrites. La galette sera donc brûlantes lorsque ces dingues passeront à l'Entrepôt ! Ces spectateurs-là n'auraient manqué la soirée sous aucun prétexte, ils viennent peut-être même de loin, et ils auront eu bien raison parce que cette basse saturée et ce son si sombre, ce rock habité, presque organique, les auront pris au ventre, au cœur, aux tripes. Véritablement, un spectacle unique.
2.    Les rockeurs, punks ou métalleux, vaguement habitués aux sons indés ou grunge, qui se seront trimballés à l'Entrepôt ce soir-là, motivés par la réputation d'un groupe qu'ils ne connaissent pas mais dont tout semble indiquer la qualité, à commencer par cette chronique sincère et plus qu'enthousiaste, parce que Part Chimp est un de ces groupes pas trop connus dont on n'attend pas grand-chose mais qui au contraire offre énormément. Ceux-là auront découvert un son innovant, irrésistiblement crade et violent, à coup de claques dans le diaphragme, ils hallucineront et ne reviendront pas de ce chant torturé, à la limite du décrochage, de cette jouissance noire, de ce son tellement envoûtant qu'il semble irréel, de ces compositions longues et ultra puissantes. Peut-être même ignoraient-ils qu'en plus des décibels, cette puissance pouvait s'exprimer via des sensations poignantes et trippantes. Alors, un nouveau monde musical se sera ouvert à eux, un univers insoupçonné, aux antipodes de la soupe commerciale tant appréciée par nos médias.
3.    La dernière catégorie aime la soupe et aurait mieux fait de passer son chemin, parce que tout ce qu'elle a entendu, c'était du bruit, un mur sonore incompréhensible. A la limite du supplice, les amateurs de rock formaté ne sortant jamais des sentiers battus se seront réfugiés au bar et auront attendu que l'orage passe, les tympans sanguinolents, sourds au génie de cette scène rare et précieuse.