Dès mon arrivée, je remarque que les organisateurs ont mis le paquet question déco, des radiographies sont affichées dans la petite salle, des ballons blancs pendent dans un couloir éclairé par des jeux de lumières dissimulés sous une toile blanche.

Lorsque j'arrive dans la grande salle, les Lazybones, bien connus des habitués de l'entrepôt, terminent leur set. Représentants de la fameuse et indémodable scène street punk arlonaise, les jeunes musiciens en envoient, devant un public déjà assez nombreux.

C'est avec plaisir que nous retrouvons les Daggers, originaires de Gaume mais assez rares dans la région de ces temps-ci. L'ambiance est survoltée. Il est difficile d'accéder à la petite salle tellement elle est remplie des fans du groupe. Dès les premières chansons, ça pogote, ça slam, décrochant les lustres au plafond. Il faut dire que les Daggers, ça le fait. Leur métal hardcore, parfois teinté de sonorités black métal, est carrément bon. Les musiciens sont déchaînés et le chanteur est en transe (il mettra d'ailleurs plusieurs minutes pour se remettre de sa prestation). Les longues saturations de basses donnent un côté un peu noise au son du groupe, un groupe qui a la capacité d'aller encore plus loin.

Qui dit Back from Outer Space, dit également l'incontournable rock indie, style encore assez méconnu en Belgique. Les Allemands de Trip Fontaine entament leur concert devant un public timide, adossé au bar, regardant le concert de loin une bière à la main. La musique énergique de Trip Fontaine ne tarde pas à convaincre plusieurs piliers de comptoirs. C'est déjanté, les folles envolées mélodiques de la guitare sont jouissantes. Mélodies psychédéliques au clavier, expérimentations guitaristiques et bruitages buccaux sont au rendez-vous. Un groupe vraiment très intéressant, malgré le manque de justesse des différents chanteurs.

On retrouve ensuite, dans la petite salle, les Average Joe's, groupe du punk-rock local teinté de saxophones, qui effectue pour l'occasion la Release Party de leur nouvel EP 7 titres « Admit One ». Il y a moins de gens que pour les Daggers, beaucoup étant partis manger, mais les musiciens communiquent rapidement leur bonne humeur et leur énergie aux fans sautillants.

Soudain, sur scène apparaissent deux personnages singuliers. Le premier présente son ami, expert dans l'art de chanter l'affiche des concerts. En effet, lorsqu'il nous chante « Et pour cloturer la scène rock y'a Mutiny On The Bounty » sur l'air de « I was made for loving you » de Kiss, le public est hilare. J'apprendrai par la suite qu'il s'agit d'une compagnie d'animation : « Scen'importe quoi ». C'est n'importe quoi, en effet, mais ça nous fait rire.

La grande salle est presque vide lorsque les suédois d'Immanu El entament leur set, le public ayant préféré faire sa réserve en carapils et frites plutôt que de découvrir un groupe, inconnu chez nous, mais tellement prometteur. Le manque de curiosité du public ardennais est décevant, mais les quelques mélomanes qui sont restés pendant le concert des jeunes suédois ne l'ont pas regretté. Le groupe joue une pop douce et mélancolique, quelque part entre Sigur Ros et Ozark Henry. Ça sent la Scandinavie, les longs voyages nostalgiques, en fin de soirée, sur l'autoroute déserte. La voix du chanteur fait l'effet d'une caresse délicate, passant de voix pleine en voix de tête, au fil des fjords et des plaines interminables… C'est carré, peut-être un peu trop, mais on leur pardonnera grâce à la couleur que l'on trouve dans leurs chansons, simples mais vivantes. Le guitariste tente quelques mots en (très) bon français.  Une superbe prestation d'un groupe que l'on aimerait revoir dans un cadre plus intimiste.
On enchaîne avec les Danois de Mimas, qui s'en sortent plutôt bien avec leur post-rock déjanté.

Alors que dans la petite salle résonne les premiers beats d'électro, les Mutiny on the Bounty commencent leur prestation, présentés par la compagnie « Scen'importe quoi », qui prennent plaisir à chanter le prix des boissons alcoolisées servies au bar sur l'air de « Robot Rock » de Daft Punk. Le concert des Mutiny sera très très court mais intense, au vu du public bien plus nombreux, dansant sur leurs rythmes déstructurés.

Moment très attendu, la finale du concours Guitar Hero. En effet, un concours du célèbre jeu informatique avait été organisé, la demi-finale ayant eu lieu en début d'après-midi. 5 garçons et une fille s'affrontent sur des airs de Blink 182, Rise Against (on n'est pas loin d'Arlon, ne l'oubliez pas, les punk sont dans la place) ou encore Bullet For My Valentine, devant une foule survoltée et amusée par le concept. Une très bonne idée. Le gagnant a reçu sa place pour le festival « Out of the Crowd », qui se déroulera au Kulturfabrik d'Esch-sur-Alzette le 17 avril (avec notamment 65daysofstatic), ainsi que des bons d'achats pour le magasin Four Tools et… un hamburger.

C'est ainsi que se termine la scène rock, laissant la place aux nombreux DJ, prêts à faire danser un public de plus en plus nombreux. L'écran géant, au fond de la scène, diffuse des extraits de films de Stanley Kubrick, pendant que s'enchainent les Hollandais de Baskerville et le très charismatique et barbu Léonard de Léonard, qui carbure à la vodka en nous envoyant du très gros son. Dans l'autre salle, nous retrouvons les habitués de l'Entrepôt, An Orange Car Crashed, pour un DJ set beaucoup plus rock'n'roll, mais devant seulement une petite dizaine de personnes. La soirée se termine avec les Mashed Paper Klub, nouvelles stars des soirées bruxelloises, aujourd'hui têtes d'affiche de la programmation électronique.

Une soirée très variée, mais surtout très agréable, qui a su réunir un public très large venu en grand nombre dans une ambiance très sympa. Merci à bravo aux Eklektik Guys et à Guillaume Brevers de Back From Outer Space. Et à très bientôt j'espère.

Photographies : Guillaume Brevers