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ROCK'N GAUME

L'ACTU ROCK EN PROVINCE DE LUXEMBOURG

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28/04/10

PART CHIMP // 23 OCTOBRE 2010, ENTREPÔT

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JE VAIS ÊTRE SALAUD. SI JE POUVAIS, PAR CETTE PRÉSENTE CHRONIQUE, FRUSTRER LES ABSENTS, J'EN SERAIS HEUREUX : ILS ONT EU TORD.

Part Chimp est un groupe de classe internationale, bien évidemment ignoré par les médias mainstream – qui s'en étonnerait encore ? Depuis quand s'appuye-t-on sur une radio ou une télévision pour découvrir le meilleur de l'alternatif ? Ainsi, même si le public était honorablement présent, je regrette qu'il n'y ait qu'entre les murs de l'Entrepôt que le passage d'un groupe de cette trempe ait fait grand bruit. Vraiment. Débouchons nous les oreilles, soyons curieux, il y a des tonnes de concert dans la région et le public continue à s'enliser dans son inculture. A l'heure de myspace, à l'heure où il est plus rapide, moins cher et plus confortable de découvrir de nouveaux sons que d'aller acheter un steack, à l'heure où l'Entrepôt – et ils ne sont pas seuls – proposent, plusieurs fois par mois, des pointures internationales qui vous foutent des frissons en un quart de couplet, on continue à snober la qualité, même lorsqu'elle saute aux oreilles, si toutefois on consent à les tendre. Le concert de Part Chimp était énorme. Tous les membres du public partagent un même sentiment : celui d'avoir vécu un événement unique.

Et moi, ça me met dans l'embarras, parce que décrire un set pareil, ça va vraiment pas être simple. Voyez-vous, ma petite cervelle n'a pas tout compris, elle a beaucoup apprécié, ça oui, et mon corps en entier également, mais de là à analyser cette prestation extraterrestre… Je devrais peut-être attendre que le choc soit passé avant d'écrire. D'ailleurs, mes oreilles grésillent encore. Mais quand un son parle à ce point au cœur, au bide, il vaut mieux rester à chaud et libérer immédiatement les impressions, même si elles sont plus un ressenti qu'un véritable bagou technique.

Part Chimp matraque un rock glauque, sale, déstructuré et torturé, ce ne sont là que des compliments. Et si l'un des guitaristes, juste avant d'entamer le set, réclame moins de lumière, ce n'est pas par peur d'être ébloui, c'est parce qu'il faut que l'atmosphère soit sombre. Après un bref riff d'accords clairs, la machine sonore se met en marche et nous botte le cul, nous propulsant vers la sphère sur laquelle on hallucinera en orbite pendant un peu plus d'une heure. Quelle surprise. Hyper en place, le son « fuzze » comme s'il était accompagnés de pelletées de graviers acérés, la basse est extraordinairement lourde et saturée, elle écorche les tympans, alors qu'en même temps, on se prend des coups et encore des coups dans le ventre. C'est brutal, mais les contretemps ne se comptent plus et les mélodies qui se développent dans ce chaos accrochent avec aisance – c'est presque surprenant, tant la résultante sonore semble répétitive, agressive et amusicale. Tout y passe. Solos déchirants, larsen, break - jamais très longs, c'est vrai -, accords sévèrement puissants, rafales de batterie, riffs saccadés et entraînants, le tout dans un son si volumineux qu'on pourrait presque le toucher– un mur du son au sens propre, en somme. Part Chimp développe un univers où les couches se superposent, la nappe supérieure, de gravier, recouvrant celle du béton armé. Les mélodies sont là, bien sur, mais le travail des effets, le jeu de couches sonores qui se mêlent et se démêlent, le « revêtement sonore », sont des putains de réussite. L'un des guitaristes chante, mais la voix est en retrait, elle ne fait qu'accompagner. Le vrai timbre, c'est celui des cordes, celles de la bassiste et des deux gratteux.


Ces anglais sont des bidouilleurs, ils aiment pousser leurs instruments et leurs amplis jusqu'à leur limite, mais ce n'est pas une démonstration stérile de technique, tant le résultat touche là où il faut. Entre post rock, math rock, noise, musique instrumentale ou psychédélique, hard rock, les Part Chimp tirent leur propre jeu en construisant et déconstruisant des compositions à la consistance inouïe.

Voilà pour la chronique, elle est bien en deçà de décrire réellement le cataclysme qui s'est produit ce 23 octobre 2009 à l'Entrepôt, j'en conviens. Mais je ne suis pas le responsable. Jetez un coup d'œil à l'agenda de cette salle, il y a certainement plein de groupes que vous ne connaissez pas, non ? Est-ce que cela veut dire pour autant qu'ils ne seront pas capables de vous faire passer un beau moment ? Est-ce qu'une salle à Arlon doit cesser de programmer des groupes qui remplissent les salles du Bota à Bruxelles parce que le public n'est pas à même de les apprécier ? Je suis persuadé du contraire. Tendez l'oreille. Ce qui se passe ici a autant de valeur que dans une capitale. Ne décevez pas ceux qui programment la qualité plutôt que la rentabilité, si vous ne voulez pas qu'ils vous déçoivent à leur tour.

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Post? par Nicolas